Les « événements d’Algérie » sont souvent considérés comme des révélateurs de l’état de la société française dans les années 1950-1960. Ils ont été à l’origine de questionnements qui sont toujours d’actualité, notamment sur la nature réelle des relations entre Français et Algériens, en Algérie mais aussi en France.
Le succès de films récents, comme Michou d’Auber, La graine et le mulet, Cartouches GAULOISES, Indigènes, ou plus récemment le documentaire Algérie, histoires à ne pas dire, ont montré l’intérêt que l’opinion porte toujours à ces questions.
Le récit de Denis Nuñez se situe dans la logique de ce questionnement. Il fait référence à une autre approche des relations entre Français et Algériens, basée sur l’histoire de sa propre famille originaire d’Espagne, et immigrée en Algérie depuis 1909.
Au-delà de l’affrontement inévitable, et du départ inéluctable, il montre que les échanges entre les différentes communautés présentes en Algérie s’inscrivaient, avant tout, dans une logique de relation directes entre des individus se référant à leur propre histoire et à leur propre expérience.
La référence à l’oued dont la brutalité des flots emporte tout sur son passage illustre le caractère brutal et injuste de la perte d’une société multiethnique puisant aux sources de la culture arabo-andalouse.
Le récit ne cherche pas à argumenter ou à démontrer, il rapporte, et c’est là son intérêt, les souvenirs d’un enfant d’une dizaine d’années qui doit quitter son village.
Ces souvenirs témoignent de l’existence d’une autre histoire, à côté ou au-delà des vérités et des certitudes admises de l’histoire. Ces liens directs entre les personnes, l’auteur parle de repères, n’ont pas survécus à l’indépendance du pays qui s’inscrivait dans une autre logique.
Livre de souvenirs, plus que livre d’histoire, le récit nous conduit, entre 1958 et 1962, sur les itinéraires d’un jeune garçon curieux qui observe les choses et les gens autour de lui et cherche à comprendre pourquoi.
Le second intérêt du livre est de donner également, une vision de la vie dans une ville moyenne du centre de la France en 1962. Les parcours d’intégration des pieds noirs sont vus au travers des différences culturelles qu’ils ressentent dans ce nouvel environnement.
L’auteur, pour compléter ce récit, travaille actuellement à l’histoire de ses grands parents qui en quittant l’Espagne pour l’Algérie en 1909 ont tracé un chemin migratoire qui s’est imposé à leurs descendants 53 années plus tard, et a donné "Le chemin de l’oued".
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NUNEZ Denis
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Je suis né le 3 décembre 1952 dans la région d’Oran, en Algérie, plus précisément dans un village de la plaine de la M’leta dont le nom signifie la quatrième source. A 9 ans et demi, le 13 juin 1962 exactement, j’arrivais à Bourges en compagnie de mon père et de l’un de mes frères. Ce voyage avait signifié une séparation de trois semaines avec ma mère dont nous devions rester sans nouvelles jusqu’à son arrivée à Bourges le 3 juillet.
Mon entrée dans l’âge de raison, s’est faite sur fonds d’exode. Je commençais à peine à découvrir et à comprendre la réalité de mon village lorsque je l’ai quitté. Le voyage jusqu’au port d’Oran puis jusqu’en France à travers la Méditerranée, a joué un rôle d’accélérateur dans ma compréhension des choses. Tout au long de cet étrange voyage j’ai regardé autour de moi et revisités les souvenirs qui fuyaient. Ce travail de mémoire n’a pas la prétention de proposer une analyse de la situation des Français en Algérie. Il a pour unique ambition de figer pour les miens et pour ceux qui le liront, l’histoire d’une Algérie, celle que j’ai vécu. Bien sur, les événements relatés peuvent quelquefois s’inscrire en faux contre des vérités ou des certitudes admises. Ils ont pourtant été constitutifs de ma réalité. Celle-ci montre que dans les circonstances les plus extrêmes, les hommes valent parfois, et souvent, beaucoup mieux que l’histoire qui s’écrit malgré eux.
Mon grand père maternel Juan Manuel, lorsqu’il a quitté, en 1909, son Espagne natale pour l’Algérie n’était animé d’aucun esprit de conquête. Terrassé par la crise minière de la région d’Alméria il avait décidé de partir pour trouver un monde meilleur pour lui et sa famille. Il ignorait que ses enfants et ses petits enfants, deviendraient un jour français, et qu’il leur imposerait par sa décision une nouvelle migration 53 ans après la sienne. Mes parents étaient animés de la même volonté que leurs parents. La représentation que je propose ici repose sur l’histoire de cette filiation migratoire. Elle est écrite par un enfant de 9 ans dont j’ai voulu restituer la naïveté et la candeur. Peu d’éléments autres que ses souvenirs, ont été rajoutés à son récit, ou alors juste ceux qui se révélaient nécessaires à la compréhension de certains événements. Mes proches ont lu ce manuscrit avant son édition. J’ai tenu compte de leurs remarques, là où cela semblait utile, en leur donnant la couleur du récit.
Le chemin de l'oued a été édité par LES EDITIONS PERSEE, 38 rue de Bassano, 75008 PARIS 01 47 23 52 88.
Il a été publié le 11 avril
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